Édito du 01/12/15

Non au climat de guerre antisociale.

A bas l’état d’urgence !

Ce week-end, les principaux dirigeants capitalistes se sont réunis pour la COP 21, la conférence sur le réchauffement climatique. Nous savons déjà que l’accord qui en sortira n’empêchera pas une hausse moyenne de 3°C des températures mondiales à l’horizon 2100 – dans le meilleur des cas, car aucune mesure contraignante ne sera prise –, alors que chacun reconnaît qu’il faudrait contenir le phénomène en-deçà de 2°C de hausse.

L’état d’urgence protège les pollueurs, les exploiteurs et les saigneurs du monde

Hollande, Obama, Poutine ou Xi Jinping sont les représentants d’un système basé sur la course aux profits, qui se soucie aussi peu des êtres humains que de l’environnement : ils sont les relais politiques de grands groupes capitalistes qui décident, pour faire davantage de bénéfices, d’exploiter des énergies polluantes ou de mettre sur le marché des voitures qui dépassent les normes d’émission de CO2. Leur conférence sera aussi inutile que les vingt précédentes.

Mais état d’urgence oblige, il est interdit de s’opposer à ces puissants en manifestant, alors que les marchés de Noël sont maintenus et que les centres commerciaux restent ouverts ! Manifester nous mettrait en danger, mais pas dépenser notre paie : l’hypocrisie est flagrante. Pourtant la prolongation pour 3 mois de l’état d’urgence a été votée par la quasi-totalité des députés : du PS au FN, de la droite au Front de gauche !

Les marches pour le climat ont partout été interdites : 26 perquisitions et assignations à résidence ont visé des militants écologistes, et la manifestation a été brutalement réprimée à Paris. Le ministre de l’Intérieur n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer une « minorité violente » : mais d’où vient la violence, quand la police use de gaz lacrymogènes contre 5 000 manifestants, matraque des jeunes assis par terre, encercle des cortèges avant d’interpeller des centaines de personnes et d’en placer plus de 300 en garde à vue pour le simple fait d’avoir manifesté ?

Le 22 novembre déjà, la manifestation de soutien aux migrants – qui fuient le terrorisme, les régimes totalitaires et la misère – avait été interdite. L’horreur des attentats a pourtant montré à quel point leur venir en aide serait nécessaire, plutôt que de mener une guerre qui ne fera que renforcer Daesh. Le 24 novembre, la justice a été saisie pour « manifestation illégale » suite à la grève de 400 agents EDF à Mont-de-Marsan, et le procureur d’Amiens a requis deux ans de prison contre les salariés de Goodyear qui avaient retenu quelques heures le patron qui les licenciait.

Mais qui nous protège de l’état d’urgence ?

Non contents de renforcer les bombardements en Syrie – qui feront fatalement des victimes civiles –, Hollande et sa clique désignent désormais comme des « ennemis intérieurs » les travailleurs en lutte, les jeunes et tous ceux qui les contestent. Ce n’est pas un nouvel attentat que redoute le gouvernement, mais bien l’explosion d’une colère sociale qui a repris des couleurs avec l’épisode de la chemise arrachée des DRH d’Air France. Entre les plans de licenciement et l’offensive contre le Code du travail, les attaques antisociales ne sont pas suspendues : pourquoi devrions-nous attendre pour défendre nos droits ? 

Les manifestations et les grèves sont notre force : nous avons intérêt à y avoir recours, et nous en avons la capacité comme l’ont montré les enseignants de plusieurs lycées et collèges de région parisienne qui se sont mis en grève lundi pour la libération de leurs collègues interpellés pour avoir manifesté. Nous en aurons l’occasion le 2 décembre en nous joignant aux travailleurs d’Air France contre la répression et les licenciements, lors de la convocation de cinq d’entre eux au tribunal de Bobigny. Puis, en montrant au patronat et au gouvernement à son service que la classe ouvrière et la jeunesse n’acceptent pas qu’on les bâillonne, et qu’elles refusent toute atteinte aux droits démocratiques : à l’issue de la COP 21, le 12 décembre à Paris, soyons nombreux à braver l’interdiction de manifester contre le saccage de la planète.


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