Édito du 14/02/17

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Violences policières à Aulnay : 
à l'image de tout un système

Aux cris de "Justice pour Théo, la police tue des innocents", des milliers de manifestants ont protesté dans plusieurs villes du pays ce week-end. Que ce soit à Bobigny, Nantes, Bordeaux, Caen, Rouen ou Strasbourg, la colère s'est exprimée contre ce qui est arrivé au jeune Théo à Aulnay sous Bois jeudi 2 février, dans la cité des 3000. Une grande manifestation est prévue contre les violences policières le 19 mars prochain à Paris. 

Actes de barbarie 

Quatre policiers de la brigade spécialisée de terrain ont en effet brutalisé et violé un jeune habitant de la cité des 3000, lors d'un contrôle de police. Théo, qui a voulu s'interposer entre un de ses copains et les policiers, a subi des sévices très graves. Transporté en urgence à l'hôpital pour y être opéré, un médecin lui diagnostique, en plus de blessures au niveau du visage et du crâne, "une plaie longitudinale du canal anal" et une "section du muscle sphinctérien", et lui prescrit 60 jours d'incapacité totale de travail. Pour un simple contrôle ! 

Justice à deux vitesses 

Les policiers, n'ont pour le moment subi aucune condamnation. Ils ont été inculpés pour trois d'entre eux de violences et un seul de viol, et suspendus, avec maintien de leur salaire.. ! Mais du côté des jeunes qui manifestent contre ces actes inqualifiables, la justice a été plus que rapide : cinq d'entre eux ont été jugés à Bobigny. Le reproche ? Un « délit d'embuscade en réunion ». Autrement dit s'être rendus dans un lieu, en vue de commettre des violences. Six mois avec sursis contre les jeunes sans casier judiciaire, et six mois ferme à l'encontre des deux autres. 

Exclusion sociale et racisme d’État 

Cette histoire est un révélateur du système dans lequel nous vivons : plus la société est injuste, plus il y a de chômage, d'exclusion et de misère, et plus la répression s'abat. On l'a vu récemment avec l'état d'urgence, qui a surtout permis de stigmatiser les musulmans, d'arrêter des militants écologistes et d'interdire des manifestations contre la loi Travail. On le voit en permanence dans les banlieues, où le racisme, les provocations policières, les humiliations, les contrôles au faciès, font partie du quotidien des populations. En juillet 2016, Adama Traoré était tué, asphyxié par des forces de police. L'affaire de Théo n'est pas un simple dérapage de quatre crapules racistes. A force de désigner les jeunes des quartiers populaires comme des délinquants, de soutenir les policiers dans toutes leurs exactions, ces derniers ont le sentiment que tout leur est permis, et qu'ils seront toujours impunis. La France a déjà été condamnée à deux reprises par la cour européenne des droits de l'homme pour torture, suite à l'usage de matraques par des policiers et gendarmes. Et la cour de cassation a condamné l’État pour des contrôles discriminatoires. Rien n'y fait : le racisme véhiculé d'en haut gangrène la police, bras armé de l’État contre la population, au point qu'un syndicaliste policier se permet de dire à la télé que l'insulte "bamboula" est à peu près convenable ! 

Renouer avec les solidarités de classe 

La question de la violence policière est indissociable de l'oppression qui pèse sur tous. C'est de la responsabilité de tous les salariés conscients de se détourner de ce poison anti immigrés distillé par des partis comme le FN, qui en ont fait leur fonds de commerce. C'est tellement plus pratique que de désigner les véritables coupables, grands patrons avides de profits et licencieurs. La candidature de Philippe Poutou, seul ouvrier parmi tous les candidats, en expliquant qu'il faut retrouver les solidarités, renouer avec les luttes, permet d'entrevoir un autre avenir, à même de faire reculer ces idées qui se transforment en actes barbares comme celui d'Aulnay. Nous sommes tous concernés par la casse sociale en œuvre, et nos libertés dépendront de notre capacité à renverser le rapport de forces entre patrons et nous-mêmes. D'ores et déjà, participons nombreux-ses aux rassemblements et manifestations en soutien à Théo et contre les violences policières. Pas de justice, pas de paix.

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