Edito du 05/05/15

Troupes française hors d'Afrique !


Une information odieuse, celle de viols perpétrés par au moins 14 soldats français, sur des enfants en Centrafrique, vient nous rappeler que des troupes sont toujours en intervention là-bas et qu'elles y commettent des actes inqualifiables. Une dizaine de jeunes garçons affirment en effet qu'en échange de nourriture ou sous la menace, des soldats français ont abusé d'eux sexuellement début 2014. Ces faits ont été rapportés à l'ONU, sans provoquer de réactions. Un haut cadre humanitaire de l'organisme, devant ce silence, l'a transmis aux autorités françaises en juillet 2014. Puis ce rapport a été révélé par un journal anglais. Et devinez quoi ? C'est le cadre qui a rendu l'information publique qui a été suspendu par l'ONU !

Le bal des hypocrites

Aujourd'hui, les autorités françaises se disent scandalisées par ces révélations. Or, non seulement elles les connaissaient depuis près d'un an, mais encore, ces abus étaient un secret de polichinelle, d'après de nombreux témoins. Rien de très étonnant : toutes les armées du monde commettent des exactions sur les populations dans les pays où elles interviennent, quel que soit le prétexte invoqué.

Au moment où le gouvernement vient de décider une rallonge de 3,8 milliards d'euros supplémentaires au budget de la Défense, dans un contexte de disette budgétaire, où il n'y aurait pas d'argent pour les hôpitaux, les écoles et les services publics, on voit où sont les priorités de nos dirigeants. Pour défendre les intérêts impérialistes en Afrique, et continuer en toute impunité le pillage de ses richesses, il n'y a pas d'économies qui tiennent.

Une présence militaire française quasi permanente, qui attise les conflits

Car on est très loin des motifs humanitaires qui justifient les interventions militaires des troupes françaises, prétendument pour sauver les habitants des massacres intercommunautaires. Ces opérations ont uniquement pour but de choisir un camp sur lequel s'appuyer pour défendre les intérêts de l’État français dans ses anciennes colonies, Tchad, Cameroun Mali et Niger avec ses mines d'uranium. En Centrafrique, où elle est présente militairement quasiment depuis l'indépendance, la France a toujours fait et défait les dictateurs successifs. Elle a ainsi soutenu pendant des années un dictateur, Bozizé, qui avait attisé les tensions entre communautés chrétiennes et musulmanes. Dix ans plus tard, en 2013, la France laisse Djotodia, soutenu par des groupes armés venus des régions à majorité musulmane, s'emparer du pouvoir. Jusqu'à ce qu'il en soit chassé à son tour, remplacé par un gouvernement fantoche.

Le pompier pyromane

L'arrivée de l'armée française en décembre 2013, censée apaiser les conflits, a au contraire encouragé les milices chrétiennes à chasser les musulmans de la capitale. Résultat : plus d'un million de Centrafricains se sont retrouvés sur les routes et dans des camps, et le pays est aujourd'hui coupé en deux, musulmans d'un côté, chrétiens de l'autre, livré aux massacres perpétrés par les milices de tous bords. C'est bien l'État français le responsable du chaos qui règne dans le pays. Ceci pour des raisons économiques et surtout stratégiques : d'une part, car le sous-sol du pays est riche en or et en diamant, et que de grandes entreprises françaises y ont des intérêts comme Bolloré pour le transport fluvial, Total pour le stockage et la distribution de produits pétroliers, ou encore Orange. Mais la Centrafrique représente surtout un atout militaire important pour l'impérialisme français, une base armée en plein cœur de l'Afrique, et il est prêt à tout pour le sauvegarder, afin de pouvoir continuer à affirmer son rôle de grande puissance sur la région. Les soldats au service de l'impérialisme français n'ont rien à faire en Afrique !

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