Grèves à La Poste : quelques enseignements des luttes récentes

Les grèves sont très fragmentées mais très fréquentes à La Poste. Elles sont plus fréquentes dans certains secteurs que dans d’autres. Pourquoi ?

Ce n’est pas forcément dans les secteurs les plus concentrés que les conflits sont les plus nombreux. Les grèves reconductibles touchent aujourd’hui en grande majorité les centres de distribution du courrier, alors que les centres de tri (aujourd’hui dénommés PIC) ne connaissent presque pas de tels conflits ; pourtant, la concentration de salariés dans les PIC est significativement plus élevée que dans les centres de distribution. D’autre part, les centres de tri étaient historiquement la pointe avancée des grèves à La Poste : lors de la grande grève de 1974, les centres de tri parisiens étaient l’épine dorsale du mouvement. Les PIC se sont constituées suite à une vague de fermetures des anciens centres de tri dans les années 2009-2012. La grande majorité des équipes militantes des centres de tri/PIC n’a pas cherché à combattre ces fermetures et la défaite a été pesante, et ses effets se font sentir encore aujourd’hui. Mais elle se fait d’autant plus sentir que les équipes militantes de ces centres ne s’organisent pas autour de l’idée qu’il est possible de stopper les plans de suppressions d’emplois…

A contrario, dans des départements comme les Bouches-du-Rhône, l’Essonne ou les Hauts-de-Seine, les conflits dans des secteurs beaucoup moins concentrés (distribution du courrier) sont légion. Le point commun entre ces trois départements, où les conflits sont les plus fréquents, c’est tout simplement la présence d’équipes militantes qui cherchent consciemment à exploiter les occasions, les coups de colère, avec une stratégie d’élargissement des conflits. Dans les Bouches-du-Rhône, en septembre- octobre, un conflit d’une semaine a même touché… la PIC !

Le cas des Hauts-de-Seine

78 jours de grève départementale en 2009, 66 jours à Clamart-Châtillon- Asnières puis 35 jours à Levallois-Villeneuve-La-Garenne en 2010, 64 jours à Nanterre/Malakoff-Vanves/Montrouge en 2012, 174 jours à Rueil/La Garenne/Courbevoie/Gennevilliers en 2014… et un nouveau conflit reconductible qui, à l’heure où ces lignes sont écrites, touche Neuilly depuis un peu plus de deux semaines et commence à toucher Clichy, Châtenay-Malabry et Puteaux. Dans chacun de ces conflits, des bureaux et des collègues se mettent en grève alors que personne ne s’y attendait : Clichy, par exemple, n’avait pas connu de grève reconductible depuis 1999… Et dans chacune de ces grèves interviennent des militants et des postiers qui ont connu plusieurs conflits et accumulé une expérience.

Le facteur subjectif, c’est-à-dire la présence de militants/es qui proposent une stratégie d’affrontement, est déterminant : les postiers de la distribution des Hauts-de-Seine ne sont pas par nature plus combatifs qu’ailleurs. Mais quand une minorité militante creuse un sillon, propose des perspectives, elle peut entraîner des collègues autour d’elle quand la colère finit par déborder.

Correspondant

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