L’état d’urgence permanent à la mode Valls-Hollande


Profitant des cérémonies d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, Valls a déclaré que l’état d’urgence serait sans doute encore prolongé de quelques mois, pendant toute la durée de la campagne présidentielle. « Il est difficile aujourd’hui de mettre fin à l’état d’urgence. D’autant plus que nous allons nous engager dans une campagne présidentielle dans quelques semaines avec des meetings, avec des réunions publiques. Donc il faut aussi protéger notre démocratie », a-t-il expliqué... Après l’Euro de foot, le Tour de France, voilà une autre occasion de rendre l’état d’urgence permanent. Chouette ambiance pour ce qu’on nous présente comme le must de la vie démocratique... Ira-t-on voter encadré par des militaires ? Ira-t-on à des meetings surveillés par la police ? Risquera-t-on de passer la nuit en garde à vue pour avoir collé des affiches antimilitaristes ?
Hollande décréta l’état d’urgence le 14 novembre 2015. Depuis, il a été prolongé de nombreuses fois par des votes au Parlement. La mise en place de cet état d’urgence s’est vite révélée un blanc-seing donné au gouvernement pour instaurer tout un arsenal répressif policier, judiciaire et politique dont l’objectif était bien plus large que celui, affiché, d’assurer « la sécurité du territoire ». Le dernier rapport parlementaire sur le sujet a montré clairement la portée limitée d’un régime qui se voulait d’exception pour lutter contre les actes terroristes. Par contre, il a mis en lumière que celui-ci a été utilisé pour autre chose, notamment pour empêcher des manifestations et assigner à résidence des militantEs, en marginalisant le rôle du juge judiciaire, garant des libertés individuelles, au profit du seul pouvoir exécutif.
Hollande et Valls ont dégagé le terrain pour leurs successeurs à l’Élysée et à Matignon. On imagine mal des politiciens réactionnaires ou d’extrême droite comme Sarkozy, Juppé ou Le Pen faire moins que le PS dans ce domaine. Ne nous laissons pas enfermer dans le piège liberticide de l’état d’urgence : dénonçons sans relâche toutes les atteintes à nos libertés fondamentales ainsi que les guerres que mène notre État en Afrique et au Moyen-Orient en notre nom. Ce sont ces guerres qui font le lit du terrorisme, et ce n’est pas l’état d’urgence qui nous en protégera.
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 359 (17/11/16)

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