Espagne : un début d’année scolaire marqué par la mobilisation des étudiants et des enseignants

L’éducation publique est menacée par la privatisation et la marchandisation depuis de nombreuses années dans l’État espagnol. Les réformes comme la loi organique des universités (LOU), le processus européen de Bologne, la stratégie universitaire 2015/2020, la loi d’amélioration de la qualité éducative (LOMCE) ou le « 3+2 » en sont, entre autres, l’illustration. 


Une mobilisation particulièrement forte 

Quel que soit leur bord politique, les gouvernements ont vu avec la crise l’occasion d’accélérer ce processus. La montée des frais d’inscription à l’université – de 20 à 100 % selon les établissements –, la LOMCE, qui entraîne des économies financières, encourage l’initiative entrepreneuriale et crée les plus grandes difficultés pour l’obtention du diplôme dans l’Éducation secondaire obligatoire [1], ne sont que quelques-unes des attaques qui concernent les lycéens et les étudiants. Le « droit » au diplôme est même enlevé aux lycéennes et lycéens de formation professionnelle, avec le nouveau décret de revalidation [2]. Cela s’ajoute aux coupes budgétaires qui ont entraîné des milliers de licenciements et le recours à la sous-traitance. 

Pour toutes ces raisons, les étudiants et lycéens n’ont pas cessé de se mobiliser, avec en moyenne presque trois grèves par an depuis le début de la crise. Certaines d’entre elles ont été menées avec l’ensemble de la communauté éducative. Cette année, les mobilisations contre toutes ces attaques, et en particulier contre les revalidations dans les lycées, ont eu un caractère particulièrement massif. Le 26 octobre, des milliers de lycéens et de lycéennes ont marché dans la rue, avec leurs professeurs et leurs parents, pour contester ces politiques. 

Vu le succès de la grève, et dans un climat de mobilisation post-électorale, avec un gouvernement minoritaire [3], les lycéens et les étudiants se sont remis en grève le 24 novembre. 

Les tâches des jeunes révolutionnaires 

Dans ce contexte, les jeunes révolutionnaires scolarisés doivent aborder une série de tâches à court, moyen et long termes. Il s’agit de nous placer en meilleure position pour gagner sur les revendications et changer la dynamique de défaite qui a affaibli le mouvement étudiant. Certaines de ces tâches sont bien sûr la construction de la grève dans chaque lieu d’études, la création de syndicats étudiants qui puissent donner une structure et impulser les luttes, accumuler les expériences et « amortir » les défaites. 

Il est aussi nécessaire d’avoir une meilleure coordination des organisations étudiantes dans l’État espagnol, au niveau de l’État comme au niveau local. Il faut regrouper les organisations et courants qui interviennent dans le mouvement et défendent l’auto-organisation, afin qu’ils y sensibilisent l’ensemble de la jeunesse et que, le moment venu, les cadres de coordination démocratique puissent élaborer les feuilles de route de la mobilisation. 

Enfin, le rapprochement et la coordination avec les luttes ouvrières qui ont lieu dans notre État est une autre tâche à aborder pour que les étudiantes et les étudiants jouent un rôle dans la convergence des luttes. 


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[1] ESO, équivalent des collèges et du début du lycée.
[2] Examens à la fin de chaque étape éducative qui conditionne l’obtention du diplôme de l’ESO et l’accès aux classe menant au baccalauréat (bachillerato).
[3] Le Parti populaire (PP), principal parti de droite, a obtenu 33 % en juin dernier.

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