Construire un parti pour la révolution, pour intervenir dans la lutte des classes et y jouer un rôle

La plateforme V est portée par des camarades qui ont défendu à maintes reprises depuis la création du NPA des orientations pour arrimer définitivement celui-ci aux idées marxistes révolutionnaires. Cent ans après la Révolution russe, et cinquante ans après la grève générale de 1968 l’extrême gauche anticapitaliste et révolutionnaire doit placer son combat dans la continuité des révolutions et des soubresauts révolutionnaires du passé. Car la révolution reste plus que jamais d’actualité, au sens où elle sera la seule façon pour l’humanité d’en finir avec ce monde capitaliste pourrissant. Il est donc urgent de faire des pas concrets vers la construction d'un parti révolutionnaire en saisissant dans la lutte des classes les occasions qui permettront à notre courant politique de gagner en influence auprès de milliers de travailleurs et de jeunes.

1 – Un bilan nécessaire pour avancer

Le temps d’un congrès est d’abord celui des bilans. Les critiques au sujet des tendances et des fractions au sein du NPA sont en fait un bon prétexte pour occulter les responsabilités de la direction historique de la LCR, de la IVème Internationale version Secrétariat unifié (SU). Or, l’échec du NPA, c’est l’échec de la direction historique de la LCR qui n’a jamais cessé de pencher vers une hypothèse stratégique particulièrement problématique : celle qui vise à combiner des victoires sociales d’ampleur avec l’accès au pouvoir de partis se réclamant de la gauche anti-libérale ou anti-austérité, au détriment de la grève générale insurrectionnelle. Cette conviction pousse les camarades qui postulent à diriger majoritairement le NPA, d’une part, à envisager prioritairement une politique basée sur l’interpellation des réformistes, et d’autre part, à sous-estimer les possibilités d’irruption de notre classe sociale sur la scène politique et sociale, et à relativiser sa capacité à en finir avec le système capitaliste. Alors que Mélenchon et sa France Insoumise ont donné une structuration et un visage nouveaux à la vieille gauche institutionnelle et nationaliste, notre organisation est incapable d’avoir un positionnement qui l’en démarque clairement. Le NPA est trop souvent réduit à commenter les événements de la lutte des classes, fondamentalement à cause de sa faiblesse d’implantation, mais aussi parce qu'il est incapable de prendre des initiatives, comme s’il était tétanisé à l’idée de disputer à la gauche réformiste ou aux directions syndicales le monopole de la représentation des intérêts politiques de notre classe. Depuis deux ans, la campagne de Philippe Poutou, candidat ouvrier, a été la seule apparition visible du NPA au niveau national. Mais notre campagne a souffert de deux faiblesses majeures : une trop grande intériorisation de la dégradation des rapports de force et une faiblesse programmatique sur les réponses immédiates à apporter à celles et ceux qui veulent se battre et se regrouper de même que sur la perspective communiste… et sur le lien entre ces deux aspects. 

2 – Et pourtant, la situation nous offre des possibilités

Si le rapport de force entre les classes s’est fortement dégradé aux dépens du prolétariat, nous combattons l’idée qu’il faudrait renoncer à l’actualité de la révolution. Bien au contraire, notre responsabilité est d'offrir une méthode et un programme d’émancipation pour en finir radicalement et définitivement avec ce système. Nous devons offrir des perspectives politiques communistes révolutionnaires à une frange de la jeunesse qui se mobilise de manière récurrente depuis une décennie et qui se radicalise. Nous devons répondre à une crise inédite dans les syndicats. Si nombre de militant.e.s syndicalistes sont déboussolés et écœurés par les politiques de collaboration de classe plus ou moins ouvertement affichées de leur direction, une minorité commence à ruer dans les brancards et à critiquer ouvertement les tactiques des directions. L’émergence du Front social est l’une des conséquences de la rupture d’une frange – certes minoritaire mais emblématique – de syndicats et de leaders combatifs issus de la CGT (Goodyear, Info’Com) avec la stratégie confédérale, incapable de mener au « tous ensemble ». Le Front social regroupe des militant.e.s syndicalistes, associatifs, politiques, de fronts et de collectifs de lutte étant parvenus à dépasser l’esprit sectaire ou boutiquier, que l’expérience a convaincus d’œuvrer pour la grève générale, et qui sont prêts à en découdre avec l’État et son appareil répressif. Il est un outil précieux qui a déjà exercé, à une échelle large, une pression ou une influence sur les appareils, les milieux militants ouvriers et syndicalistes et sur une partie de la jeunesse mobilisée. Il est devenu un fait politique, qui dépasse largement ceux qui l’ont lancé, un outil d’unité d’action que les révolutionnaires doivent construire et amplifier. Nous concevons le Front social comme un pôle ouvrier « lutte de classes » en construction, comme un outil indispensable pour organiser la riposte à la politique de Macron et du MEDEF, comme une arme qui pourra s’avérer précieuse quand le climat social sera explosif. Mais aussi comme un creuset d’où peuvent émerger des militants « lutte de classe » et des révolutionnaires.*

3 – Construire un parti révolutionnaire

Nos deux objectifs stratégiques permanents sont la révolution socialiste, aboutissant au pouvoir des travailleurs auto-organisés, et la construction du parti révolutionnaire, indispensable à la victoire de cette révolution. La volonté de s’implanter prioritairement dans les entreprises est liée à notre projet politique. Pour pouvoir défendre une orientation alternative aux directions syndicales et aux appareils réformistes, il faut des militant.e.s capables de jouer un rôle quand les travailleurs se mettent en mouvement. Cela doit être une préoccupation permanente de l’ensemble de l’organisation et de sa direction. Il est vital que notre organisation s’implante aussi réellement dans la jeunesse. C’est en cherchant systématiquement à construire une réponse à la hauteur des attaques, en préparant des militant.e.s à chercher à organiser la confrontation, et pas seulement à faire de la propagande, que nous pourrons gagner la confiance des jeunes qui se politisent. Structurer une politique syndicale étudiante à l’échelle nationale, c’est chercher à peser dans les mobilisations de jeunes et sur la situation politique.. Avoir une intervention volontariste devant les lycées permet d’y exercer une influence, de construire des habitudes d’organisation collective et de recruter des jeunes.

Ce sont les travailleurs qui ont la capacité de mettre fin non seulement au capitalisme et aux rapports d’exploitation sur lesquels il se base, mais aussi aux oppressions qu’il utilise et reproduit (les oppressions dites « spécifiques » – telles que le sexisme, le racisme, l’homophobie et la transphobie). Notre objectif est simple : que les secteurs les plus opprimés fassent leur le mouvement ouvrier et révolutionnaire. Dans ce cadre nous défendons l’auto-organisation des opprimé.e.s et le fait que le mouvement ouvrier soit au premier rang de la lutte contre les oppressions.

Pour qu’existent des organisations révolutionnaires, nous nous donnons comme objectif de construire un parti « de cadres » capable de donner vie à nos principes programmatiques. Nos militant.e.s doivent acquérir un niveau de formation élevé qui soit en cohérence et en relation permanente avec notre pratique militante, elle-même terrain d’apprentissage politique.

La démocratie au sein d’une organisation révolutionnaire est essentielle mais ne peut se résumer à des droits formels et à des règlements statutaires. Dans le NPA, il y a trop de tapage au sujet des tendances et des fractions. Mais elles ne sont pas la cause des problèmes du NPA, qui sont politiques. Parvenir à agir ensemble dans la lutte de classe, tout en réussissant à discuter des différences de points de vue qui surgissent inévitablement, doit passer d’abord et avant tout par un accord sur les questions de fond, sur le « programme », c’est-à-dire sur les objectifs et les méthodes fondamentaux de notre action.

Notre démarche transitoire a pour point de départ les revendications quotidiennes de notre camp social. Nous les lions à la question du pouvoir, à la nécessité d’un gouvernement des travailleurs et à l’aspiration à une autre société. Regrouper les ouvriers de plusieurs entreprises afin qu’ils se battent ensemble, c’est se donner les moyens pour que le refus « spontané » se transforme en une bataille politique qui conteste frontalement le pouvoir qu’ont les capitalistes de décider du sort de millions de personnes. L’expropriation des secteurs-clés de l’économie est l’un des premiers axes de ce programme de transition lié à notre objectif de la réquisition des grands moyens de production, de communication et d’échange.

4 – Être fidèles à l’internationalisme et construire une Internationale

Une Internationale pour la révolution et le communisme ne se construira pas par une lente accumulation de forces uniquement autour de nous. Dans de nombreux courants et organisations, il existe des expériences précieuses, des militantes et des militants de valeur. C’est au travers du débat théorique et programmatique, en tension avec l’intervention sur le terrain de la lutte des classes, que se produiront les explosions et les regroupements au niveau national et international. Ainsi, nous ne sommes pas opposés au fait que le NPA reste membre observateur du SU de la IVème Internationale mais il ne peut pas mécaniquement être le relais de la politique de la majorité du SU. Durant toute la période référendaire en Catalogne, nous ne nous sommes pas retrouvés dans l’orientation des camarades d’Anticapitalistas qui n’ont ni défendu un droit inconditionnel à l’autodétermination ni tenté d’élaborer une politique d’indépendance de classe comme nos camarades d’Izquierda Anticapitalista Revolucionaria (IZAR), exclus de la IVème Internationale. Nous devons discuter dans tout le NPA du type d’Internationale que nous voulons édifier et chercher à regrouper les révolutionnaires issus de différentes traditions, à partir d’un accord sur la situation et les tâches. C’est par une pratique commune que les discussions politiques peuvent aboutir à des regroupements, comme celui qui s’est opéré autour de la plate-forme « Saisir les occasions, construire une Internationale pour la révolution et le communisme », qui sera présentée lors du prochain congrès mondial de la IVème Internationale (SU).

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