Contre la fermeture de la maternité de Guingamp

Samedi 5 mai, un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Guingamp à l’appel du comité de défense de la santé.

Sans bruit, l’agence régionale de santé (ARS) ­Bretagne a avancé son projet de fermer une maternité sur le groupement hospitalier du secteur 7, que Guingamp forme avec Saint-Brieuc, Lannion et Paimpol. Comme Paimpol n’a déjà plus de maternité et que Lannion est trop éloigné de Saint-Brieuc, l’affaire allait se jouer dans l’indifférence générale.

Une mobilisation qui s’amplifie

Mais comme l’État a mis en place un semblant de concertation, le projet a fuité lorsque le conseil de surveillance du centre hospitalier de Guingamp s’est prononcé sur le sujet, avec une majorité de pour et quelques contre (la présidente du conseil de surveillance et les représentants du personnel de la CGT). Les défenseurs du service public ont alors décidé se regrouper en comité de défense de la santé : une proposition mise sur la table par les organisations syndicales CGT et Sud-Solidaires locales.

Le comité s’est créé fin février, et a travaillé pour populariser et faire connaître les projets de l’ARS, et ses propres propositions. Depuis lors, motions des conseils municipaux, pétition, manifestations, contacts avec d’autres comités de défense, conférences de presse se succèdent.

Le silence est brisé, et la population, les élus, les professionnels de la santé se mobilisent.

La CFDT jusqu'où ira la trahison? 
Les prémisses d'une rupture de la politique de collaboration de classe ? 

La section CFDT de l'hôpital de Guingamp et l'union syndicale CFDT santé sociaux avaient dénoncé publiquement la création du comité de défense de la santé la veille de sa création; Tentant ainsi de la saborder en le présentant comme une émanation politique de la CGT, lire entre les lignes du NPA*. Prétextant qu'aucune menace ne planait sur la maternité, que nous fabriquions une ambiance "anxiogène", cette position fut reçu comme un véritable coup de poignard dans le dos. Or coup de thêatre, il y a deux semaines la CFDT santé sociaux du département annonce qu'elle appelle et participera à la manifestation prévue le 5 mai. Et reconnaissant que de réels menaces planent sur l'avenir de l'hôpital. 

Sans doute , la CFDT isolée voulait se replacer dans le jeu. Nous avons donc vu lors de la prise de parole du comité de défense arriver la CFDT avec ses drapeaux, en nombre relativement restreint au demeurant. Or en pleine manifestation, elle disparait en rejoignant son local au sein de l'hôpital. Si cela ne s'appelle pas trahir en pleine action, comment peut on analyser une telle attitude. Nous nous pensons que l'isolement de la CFDT commence à faire des ravages au moins dans la fonction publique, que son alignement sur Macron et le Medef vont être de plus en plus difficile à tenir.Comme il n'y a plus de grain à moudre pourquoi le patronat s'encombrerait il de ce faire valoir. C'est bien là l'esprit des ordonnances, faire disparaître le fait syndical des boites et liquider toute opposition ouvrière. 

Pas de désert médical ! 

Le 6 avril, lors de la manifestation régionale des comités de défense à l’ARS de Rennes, le directeur de celle-ci a confirmé nos craintes de voir la maternité disparaître. Il a avancé des arguments concernant la sécurité des femmes et des bébés. Il ne pouvait pas décemment expliquer que sa décision aurait pour objet de faire des économies sur la santé, en ligne avec la volonté ministérielle de réduire les budgets de l’hôpital public.

Mais le comité affirme, preuves à l’appui, que la sécurité est assurée à la maternité. Certes il revendique plus de moyens humains et techniques, car l’existant n’est pas suffisant. Il ne dépend que de la volonté des pouvoirs publics d’assurer ces financements. Nous revendiquons de pouvoir naître et vivre dans le pays de Guingamp, proche de notre environnement familial, affectif, social. Nous ne voulons pas d’usines à bébés. Et nous savons que la fermeture de la maternité sonnera le glas de l’hôpital public, et fragilisera les établissements et structures de santé qui gravitent autour de celui-ci. Le milieu médical lui-même en sera touché. Peut-on croire sérieusement que des jeunes médecins viendront s’installer dans un désert médical ? Le comité affirme que la lutte continue, qu’il reste mobilisé et que l’ARS doit accorder le renouvellement de l’agrément pour cinq ans .

Comité NPA Lannuon Gwengamp Bear
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 429 (10/05/2018)


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* effectivement le travail du NPA est réel au sein de la CGT et de Solidaires et ne date pas de quelques mois.

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